Photogrammètre20 août 2013

Définition

La photogrammétrie est une technique qui consiste à mesurer la surface observée à partir de clichés acquis en configuration stéréoscopique, en utilisant d’une part la vision stéréoscopique pour mettre en correspondance les deux images, et d’autre part une modélisation mathématique de la géométrie de prise de vue.

Histoire de la Photogrammétrie

La photogrammétrie a fortement évolué depuis sa première application réalisée par un officier de l’armée française, Aimé Laussedat en 1849 sur la façade de l’Hotel des Invalides : il a eu en effet l’idée d’utiliser des photographies de paysages non seulement pour observer le terrain mais aussi pour le mesurer.

Il met ainsi au point une technique qui s’appellera plus tard la photogrammétrie. Laussedat devient professeur au CNAM en 1873, titulaire de la chaire de géométrie appliquée aux arts où il est souvent question de topographie, et celui que l’on peut considérer comme l’inventeur de la photogrammétrie sera même directeur du Conservatoire de 1881 à 1900.

L’autre personnage-clé est Félix Tournachon, plus connu sous le nom de Nadar, qui dans les années 1860 monte en ballon pour photographier Paris et bien d’autres villes, et qui a très bien compris, à en juger par les brevets qu’il a déposés, l’intérêt de la photographie aérienne pour des finalités tant civiles que militaires. Inventée en France, la photogrammétrie a ensuite été développée et industrialisée de façon très complète en Allemagne.

En pratique, il faut attendre l’entre-deux-guerres pour que la photographie aérienne se généralise, avec le développement de l’aviation.

Après-guerre, on observe un emploi de plus en plus systématique de la photogrammétrie pour réaliser les cartes de base de pays entiers.

Les développements de l’imagerie spatiale à haute résolution et de la puissance de l’informatique grand public ont donné depuis peu de nouvelles impulsions à ce domaine. Mais en parallèle, les développements au sein de la communauté de vision par ordinateur, destinés essentiellement à des applications de robotique, ont capitalisé depuis une décennie l’essentiel des efforts de recherche dans ce même domaine. C’est cette communauté qui, actuellement, est principalement porteuse de l’avenir de la photogrammétrie.

Le principe général est basé sur la perception humaine du relief par observation stéréoscopique. Pour le cas de la photogrammétrie aérienne, un avion équipé d’une chambre de prise de vues vole au dessus d’une région, de façon qu’un partie du terrain figure sur deux clichés correspondant à deux positions différentes de l’avion.

Si on observe simultanément un cliché avec un œil et le second avec l’autre œil grâce à un outil optique approprié (stéréoscope à miroirs, appareil de restitution, ordinateur équipé de lunettes spéciales, etc.), on voit en relief la zone de terrain vue sur les deux images.

La vision humaine permet en effet de voir en relief dans une large gamme de dispositions relatives de ces deux images. Mais si nous disposons ces dernières dans une position relative exactement semblable à celle qu’elles avaient au moment de la prise de vue, alors l’image stéréoscopique observée est une exacte homothétie du terrain réel photographié, pour autant que la chambre de prise de vue soit parfaite (c’est-à-dire n’apporte aucune distorsion à l’image, on l’appelle alors chambre “métrique”), ou que l’image ait été corrigée de sa distorsion. Pour exploiter alors cette scène stéréoscopique, l’appareil de restitution superpose à chaque image un point (le “ballonnet”), que la vision humaine comprendra comme un petit objet dont la position est déplaçable à volonté en hauteur au dessus de l’image du terrain grâce à des commandes appropriées. L’opérateur aura donc pour travail de promener ce ballonnet dans l’image sur tous les objets à mesurer, pendant que l’appareil archivera toutes les informations numériques produites.

Pour que l’image observée soit une copie exacte de l’objet mesuré, il faut contraindre un certain nombre de points dans l’image en les obligeant à être à des positions relatives similaires aux leurs sur l’objet. Pour un couple stéréoscopique donné, on montre qu’il faut 6 points connus pour que l’image soit fidèle. Ces points seront mesurés : cette opération est appelée stéréopréparation. Lorsque de nombreux couples stéréoscopiques sont enchaînés (bande de clichés aériens), on peut limiter le nombre de points terrain à mesurer en analysant toutes les contraintes géométriques qui se transmettent de cliché à cliché. Le processus de calcul, très complexe, s’appelle aérotriangulation. Par ailleurs, la manipulation des grandes quantités de données numériques extraites est résolue par des logiciels spécialisés, outils permettant la mise en forme finale des données sorties de l’appareil, d’entrée des corrections en provenance des équipes de terrain (qui complètent les levers de toutes les informations non visibles sur les clichés et corrigent les points douteux, phase dite de complètement), et enfin de formatage et d’édition des données selon les besoins du client.